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Vendredi, la cuisine est inutilisable et le moral du couple commence à flancher. Heureusement, la pizzeria du coin vend des pizzas à l’emporter. Chic !
Et choc lorsque nous leur apprenons que les Chinois produisent et exportent du concentré de tomates et que celui-ci peut se retrouver sur leur pizza.
Et choc lorsque nous leur apprenons que les Chinois produisent et exportent du concentré de tomates et que celui-ci peut se retrouver sur leur pizza.
En 1984, lorsque le pouvoir central chinois décide d’en planifier la production, personne n’a vu de tomates dans la province du Xianjiang. Aujourd’hui, la Chine se place au premier rang mondial des producteurs de tomates devant les Etats-Unis.
Pour simplifier le transport, la Chine produit surtout du concentré, mais celui-ci n’a pas la réputation de ses concurrents. Alors les Chinois ont trouvé un truc. Leur concentré passe par l’Italie où il change souvent d’origine.
A Bon Entendeur s’est rendu à Rome pour rencontrer Lorenzo Bazzana, cadre à Coldiretti, l’organisation faîtière des entreprises agricoles italiennes :
« Nous sommes très inquiets : l’Italie est le 3 producteur mondial de tomates, mais il est aussi le premier exportateur de tomates transformées, surtout pour ce qui est des produits de qualité, comme les tomates en boites, les coulis, les tomates concassées.
Ce qui nous porte préjudice, ce sont ceux qui mélangent le concentré chinois avec des produits italiens afin d’obtenir les produits finis que je viens de citer. Cela nuit à l’image de la production italienne.
Même si le concentré ne peut être utilisé que dans un certain type de produits, des coulis par exemple, ou des produits finis, comme les sauces toutes prêtes, parce qu’il perd facilement son identité. »
Lorenzo Bazzana nous présente des cas concrets de fraudes pratiquées par les producteurs chinois de concentré.
« Le fût que vous voyez là a une capacité de 200 kg de concentré. C’est dans ce genre de fûts que le concentré chinois arrive en Europe. Nous avons également trouvé des boîtes de conserve de ce genre, celles-ci viennent du marché africain. Il s’agit d’une double contrefaçon : d’abord sur l’identité de l’entreprise. La marque a été copiée, de même que le graphisme de l’emballage. Mais ça va plus loin. Ces boîtes contenaient des tomates chinoises, mais elles sont étiquetées « Made in Italy ». Il y a donc fraude au niveau de l’identité de l’entreprise ainsi qu’au niveau de la provenance de la tomate, qui se fait passer pour italienne. Ca fait une double fraude.
Là, nous avons un autre exemple : il s’agit d’un produit que nous avons trouvé à la foire de Paris. Nous avons là un produit chinois qui affiche des textes en italien. Cela peut induire en erreur le consommateur distrait, qui pense acheter un produit italien lorsqu’il tend le bras dans le magasin vers ce genre de produit à l’étiquette en italien. En réalité, il ramène chez lui un produit chinois. Nous recommandons donc aux consommateurs de bien lire les étiquettes : ellespermettent de vérifier si un produit est italien ou pas. »
Philippe Cohen l’a déjà dit, les Chinois pratiquent la technique de l’aspirateur :
« Les Chinois sont les plus gros producteurs de tomates du monde. Mais le problème c’est qu’ils produisent que trois ou quatre sortes de tomates. La particularité de la France, c’est que l’on a une très grande richesse, une très grande diversité de tomates. Et c’est ce savoir-faire qu’ils ont essayé d’aspirer à travers le cas de Cabanon. »
Le Cabanon est une entreprise du Vaucluse, spécialisée dans la tomate transformée. En 2005, elle va mal ; c’est alors qu’elle est approchée par le groupe chinois Chalkis.
Le président du groupe ne s’en cache pas, il vise le savoir-faire des Français en matière de ketchup pour s’attaquer au marché américain. Les Chinois injectent 10 millions d’euros, font poser le directeur français devant le drapeau chinois et licencient 150 des 300 employés. Ceux qui restent sauvent leur job, mais les cadences augmentent.
Ce qui diminue, c’est la part de tomates produites localement, 10% seulement. Le reste vient de Chine et repart avec une origine provençale.
Dans son livre, Erik Izraelewicz cite un autre exemple, tout aussi ravageur pour les économies européennes, de ce que l’on pourrait pudiquement appeler un transfert de technologie :
« Je pense que le grand problème aujourd’hui c’est de savoir si le pays va passer de la copie à l’innovation. Regardez ce qui s’est passé pour le TGV, il y avait une compétition Siemens/Alsthom. Maintenant le TGV est chinois. Ils ont copié les technologies, ils ont acheté quelques pièces et les ont copiées. Ils les ont un peu améliorées et maintenant le TGV sera chinois en Chine. Mais peut-être qu’en Californie, en Afrique du Sud ou en Arabie Saoudite, trois pays qui veulent se doter de TGV, il sera aussi chinois.»