vendredi 27 août 2010

Droit dans le gosier..MADE IN JURA

Je vous chuchote 3 adresses formidables à découvrir le temps d'un week end dans le Jura, dont je reviens de reportage : 






La Maison Petite, LE sanctuaire du grand Comté. Fermez les yeux et imaginez-vous au cœur d’une vaste et secrète forêt d’épicéas à tire d’aile de Mouthe, village le plus froid de France. Dans cette ambiance à la Claude Chabrol, vos pas vous mènent devant une butte de terre. Ouf ! vous êtes parvenu sans vous perdre au fort Saint-Antoine. Mais entrez donc ! A l’intérieur, sous terre, c’est le choc : 65.000 meules de Comté attendent leur heure. Patiemment. Dans le plus grand silence. Soigneusement affinées (entre 10 et 20 mois) dans ces immenses salles des fromageries Marcel Petite, ces monstres de 35 kg sont issus des laits de fruitières artisanales du Haut-Doubs et du Haut-Jura qui ont fait le choix du Bio. Rens. pour visites à l’office de tourisme de Malbuisson au 03 81 69 31 21.





La chocolaterie Hirsinger, à Arbois, place de la Liberté (tél. 03 84 66 06 97), je pense que les photos se passent de commentaires. 






Et pour finir,  les incroyables vinaigres de vin jaune de Philippe Gonet (10,50 euros les 25 cl.), dont les grands Chefs raffolent (Grand' rue, à Arbois, Tél. 03 84 37 47 83 et http://www.philippe-gonet.fr/).  
Bonus track : la moutarde au vin jaune est du même tonneau (6,60 euros les 200 gr, sans colorants ni arômes ni conservateurs).



Copyright photos Thomas Bravo-Maza 2007 et 2010 sur tous supports pour tous pays

Le Priorat BU du ciel

 un reportage en kiosques dans le numéro de septembre de la Revue du vin de France

jeudi 26 août 2010

Un sacré buveur!



Lorsqu'on aime vraiment le vin, on le boit.  Mais pourquoi diable s'empresser? Aucune autre boisson que le vin ne fait à ce point infuser le Temps en elle. Le temps qu'il a fait. Le temps qui s'écoule aussi irrémédiablement. On m'a toujours dit qu'en principe, les aiguilles d'une montre vont toujours dans le même sens.

Pas si sûr! S'emplir de l'émotion du vin ancien  offre une occasion unique de prendre le sens interdit du temps, de remonter le cours des choses. Pour une folle expérience. Les arômes, les saveurs, la présence même du grand vin ancien ramènent leur cortège de souvenirs. En particulier ces évocations d'enfance que l'âge adulte prend un malin plaisir à étouffer, vous le savez bien.

Le drame dans le monde du vin, ce sont ces collectionneurs qui amassent des quantités de bouteilles parfois hallucinantes sans jamais faire sauter le bouchon, fiévreux à l'idée qu'une seule bouteille prélevée dans leur collection n'ouvre un "trou" béant qui les angoisserait encore davantage.

Dingue de vins anciens, François Audouze n'appartient pas à cette catégorie. Son formidable petit ouvrage au nom parfaitement trompeur de "Carnets d'un collectionneur de vins anciens", que j'avais découvert il y a quelques années et qui figure dans ma bibliothèque idéale du vin, permet de se faire une idée assez juste du bonhomme.


François Audouze boit. Et jamais seul. Pour boire et faire partager, il achète aussi. Beaucoup. Encore plus que ça. Et furète, renifle tout vin ancien digne d'intérêt, toujours entre deux avions pour ramener la perle rare. Ils sont très peu au monde, croyez-moi, à vivre leur passion de façon aussi extravagante (sa cave compte 40 000 bouteilles de vin).

Dans quelques mois, vous le verrez à l'oeuvre, devant 2 Romanée-Conti, avec un ami japonais, dans le film que je réalise pour la télévision. Jubilatoire.

Pour l'heure, il vous suffit de vous inscrire aux wine diners qu'il organise plusieurs fois par an (il est en est à son 140 ème). J'ai eu l'occasion de me rendre une fois à l'un de ces dîners, c'était le n°76, je me souviens encore de la résurrection de ce Cantenac-Brown 1934, qui revenait de si loin, au bout d'une bonne heure après la première gorgée sans voix, miracle, on se serait cru pour un peu dans un film de Werner Herzog! Toute une philosophie de la vie, en somme.

Au menu du prochain dîner, le 1er septembre 2010, accrochez vos ceintures :





  • Champagne Dom Pérignon 1992 en magnum



  • Champagne Krug 1982 en magnum




  • Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1996 en magnum




  • Chateau du Bouscaut 1er cru de Graves 1918 en magnum



  • Chateau Lafite-Rothschild 1922 en magnum



  • Pétrus, Pomerol 1976 en magnum



  • Romanée Saint Vivant, Domaine de la Romanée Conti 1990



  • Beaune Grèves Vigne de l'Enfant Jésus, Bouchard P&F 1947




  • Chateau Filhot Sauternes 1935




  • Chateau d'Yquem 1976





  • Il faut vivre ce genre d'expérience. Il faut le boire pour le croire.

    www.wine-dinners.com



    NB : Photo repiquée du blog des vins de l'honorable Maison alsacienne Hugel, qu'on me pardonne, je n'avais pas sous la main d'autre photo disponible de notre serial buveur.

    Alsace Grand Cru Yin et Yang



    Joli exercice hier soir. Dans ma cave, deux grands crus d'Alsace, issus de grands vignerons (Schaetzel, Hebinger), du même millésime (2006).

    D'habitude, des exercices comme ça, Patrick et moi, on les fait devant camera, dans notre MonVino Show. Mais là, le téléphone sonne à 19h, un couple d'amis - de solides dégustateurs - débarque à l'improviste pour fêter une promo, il faut nous trouver un truc rigolo à faire.

    Ma botte secrète : les grands blancs d'Alsace.

    Parmi les 51 grands crus alsaciens, sur le papier, ces deux grands crus - Schlossberg, Hengst - ne peuvent être plus opposés en style, surtout en riesling.

    Je vous ai à la bonne, vous le savez, alors je vous fais une petite piqûre de rappel : le riesling c'est le grand cépage du XXIe siècle, à table il sait tout faire, c'est aussi un "buvard" de terroir qui sait redonner dans le vin toutes les nuances de son origine.

    Revenons à notre exercice d'hier soir.

    Trois ans et demi après la mise en bouteille, qu'est ce que ça vaut, finalement, cette opposition de style? J'ai voulu vérifier hier soir.

    Résultat : bien qu'un poil trop doux, le schlossberg de Jean Schaetzel est bien campé Schlossberg, sur la finesse et la délicatesse, comme un tissu léger de lin qui vient juste vous effleurer par un souffle de vent, aucun doute la-dessus... Aux antipodes de l'Hengst, qui a parfaitement joué sa partition, avec une violence Wagnerienne folle, ah ce toucher électrique en bouche, quelle sensation !

    En Alsace, soyons franc, un cru chasse l'autre, et tous les grands crus ne se valent pas. Mais à ce niveau (et pour des prix accessibles à tous...des grands crus à moins de 15 euros, le rêve), on est aux anges.

    Si vous avez du mal à dégotter ces deux bouteilles, je vous refile un tuyau : l'exercice peut être fait avec les même vins provenant des domaines Weinbach-Colette Faller & ses filles (sur le Schlossberg) et Josmeyer (sur l'Hengst).

    A vous de jouer, maintenant.

    mercredi 25 août 2010

    Ca PEUT PAS FAIRE DE MAL : Champagne et parmesan


    C'est vrai ça, on pourrait faire comme tout le monde et fêter l'anniversaire de cet ami(e) au restaurant, se cogner la litanie Apéro-Petits fours-Entrée-Plats-Gâteau-Bougies-Cadeaux -Champagne.

    On peut aussi faire encore mieux et filer dans le vignoble s'organiser une petite balade de groupe dans les vignes, histoire de faire la fiesta au grand air.

    L'effort, ça creuse, on met donc la nappe à l'ombre d'un grand arbre et on sort les casse-croûte.

    Attention! L'art de se passer de table, ça consiste quand même à mettre les petits plats dans les grands. Et ne pas oublier que l'amitié ne se célèbre pas dans les gobelets en plastique. Je vous vois venir, vous vous dites : "il nous sort le couplet nature & tradition!". Oh que non, c'est pas du tout le genre de la Maison! Je veux juste dire que dans la vie, il y a des moments qu'il faut ('s) offrir en seigneur.

    Mais faites simple : du vrai pain et pourquoi pas - mis à part le gâteau - rien que des fromages. Vous avez choisi de faire la fiesta au Champagne? Faites-vous jouir avec un morceau de parmesan Reggiano dans l'autre main. Et attendez le souffle de vent qui vient vous caresser le visage après la mise en bouche.



    Légende de la photo : un bouchon d'une bouteille de Champagne Bollinger 1924, flinguée avec soin en 2006.

    (C) Thomas Bravo-Maza

    Dans la série CA PEUT PAS VOUS FAIRE DE MAL : L'ail





    C’est vrai, l’ail a mauvaise réputation. Aie, aie, aie…on le suspecte de mal se digérer, de donner une haleine de bœuf…Sait-on au moins que l’ail est bactéricide, fongicide, vermifuge, et même bon pour les voies respiratoires ?

    L’ail est un alicament, c’est à dire un aliment et un médicament. Au cours de la grande peste de Marseille, en 1726, quatre voleurs très malins s’étaient même protégés de la contagion en ingurgitant un mélange d’ail et de vinaigre…et pillèrent à leur guise les maisons des malades…

    La sexualité de l’ail, parlons-en. Ou plutôt n’en parlons pas puisque l’ail n’en a pas : c’est grâce à ses bulbilles – de petits bulbes – qu’il se reproduit sous terre de manière originale.

    La culture de l’ail, on la doit aux mongols puis aux chinois, via la route de la soie. Mais en 1330, Alphonse de Castille l’interdit en Espagne. Notre Henri IV croquait, lui, une gousse dès le réveil. Grâce à Hérodote, on sait même que l’on doit à l’ail les premières grèves de l’Histoire, sous les Egyptiens, lorsque les 100.000 ouvriers bâtisseurs de pyramides ne pouvaient plus s’en nourrir…

    Mes conseils pratiques

    Ail blanc – le plus répandu – je refuse systématiquement d'acheter de l'ail qui vient de loin (Argentine, Chine).



    Ail violet – plus farineux –



    Ail rose de Lautrec – le meilleur, la star –



    Et même le rarissime ail rocambole, très long en bouche.

    Ah, sur une tartine de bon pain, frotté, comme ça…avec juste un filet d’huile d’olive…Rien de plus simple, moi, ça me fait chavirer…

    Mais, mais mais… De grâce, ne commettez plus un crime : le coup de couteau dans le gigot pour le fourrer de gousses d’ail. S’en suit une hémorragie de jus, un crime, je vous dis ! La solution : placez de l’ail en ch
    emise (à carreaux) autour du gigot, Tel Charles Ingalls, il se relèvera bien vite les manches et fera son travail.