Rue 89 raconte ceci (édition de ce soir) :
Facebook n'est pas l'ami de Michael Anti, activiste chinois
(De Pékin) Michael Anti est très connu. Ce journaliste chinois est réputé pour ses écrits réclamant plus de liberté en Chine, il a plus de 30 000 « followers » sur le réseau social Twitter, et il a été distingué par les universités de Cambridge et de Harvard. Jing Zhao, lui n'est pas célèbre, même s'il s'agit bien de la même personne : Anti est le nom de plume de Jing.
Et pourtant, Facebook a décrété que Michael Anti n'avait pas le droit d'avoir un compte à ce nom : le réseau social américain a décidé, purement et simplement, de supprimer le compte Facebook du journaliste, le coupant de ses 1 100 contacts. Raison invoquée : on ne peut ouvrir de compte Facebook sous un pseudo.
Facebook pour chiens
Incroyable, quand, au même moment, on apprenait que Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, venait juste d'ouvrir un compte pour son chien Beast. Explications de la société de Palo Alto : Beast n'a pas de compte, mais une page, ce qui est totalement différent dans l'univers du réseau social.
A première vue, cela pourrait donc être une raison valable, mais on découvre vite des incohérences dans les arguments de Facebook. Il suffit de naviguer sur le site pour y découvrir des comptes (et, donc, pas des pages) répondant aux doux noms de « Cupcake Ninja », « Sexy Galexy » ou bien encore, « Patate Junior »…
Sans vouloir faire de mauvais esprit, on peut parier que les grands ordonnateurs de Facebook ne sont pas allés vérifier l'identité des titulaires du compte auprès d'un officier de l'état-civil.
Internet et censure
La suppression du compte de Michael Anti a plutôt des relents de censure. Le journaliste dérange Pékin, et Facebook n'a pas forcément envie de se mettre à dos les autorités chinoises, surtout en ces périodes de tensions sur fond de manifestations du jasmin.
Le réseau social est toujours censuré en Chine, ce qui le prive de plusieurs centaines de millions de membres potentiels. Une situation délicate, à laquelle le groupe espère sans doute trouver une solution.
Mark Zuckerberg se trouvait d'ailleurs récemment en Chine, ce qui pourrait laisser penser qu'il prépare une version « politiquement correcte » du site pour la Chine.
En attendant, après les affaires Yahoo et Google, Facebook et Michael Anti relancent le débat sur le comportement que doivent adopter les géants d'Internet face aux exigences des autorités chinoises. En 2005, Microsoft avait choisi d'effacer purement et simplement le blog d'un opposant chinois. Son nom : Michael Anti.
Photo : Jing Zhao, alias Michael Anti (Shizhao/Wikimedia Commons).
En partenariat avec Aujourd'hui la Chine