jeudi 3 février 2011

Les vins de Loire, comme une main bienveillante posée sur votre épaule

Jean-Pierre Chevallier, en janvier 2011. 


Hormis en Alsace, c'est au fil de la Loire que l'on déniche encore quelques-uns des grands vins de France à des prix accessibles. Que je me fasse bien comprendre : j'ai bien dit "grands vins de France" et non de simples "bons petits vins pas chers".


Sous ma plume, Montlouis, Vouvray, Bourgueil, Chinon, Muscadet du Gorgeois, tout cela, vous connaissez. Il vous faut ajouter Savennières et Saumur-Champigny. Le terroir géologiquement violent de Savennières produit l'un des vins blancs secs les plus fascinants du monde, la messe est dite. Mais après tout, le nom évoque bien souvent ne serait-ce qu'un petit quelque chose pour beaucoup d'entre-nous.


Tel n'est pas le cas pour le Saumur-Champigny. L'appellation a su vendre son vin partout dans le monde, le seul exemple de réussite commerciale comparable depuis 50 ans, c'est celui du Beaujolais nouveau. Des années Yéyé aux années New-age, le Saumur-Champigny a coulé à flot dans tous les bistrots de France et de Navarre. Oui, mais quel Saumur-Champigny? Un vin de terroir? 


Ne remuons pas le couteau dans la plaie, ou plutôt si. A l'époque, celles et ceux qui parmi les vignerons, osaient enfanter de vrais beaux produits de terroir - respectueux de leur origine et de ceux qui levaient le coude avec -, subissaient quotidiennement les quolibets de leurs collègues, parlez-en avec Nady Foucault (Clos Rougeard), faites réagir Philippe Gourdon, au Château Tour Grise, qui s'est battu avec un courage exemplaire pendant des années pour faire admettre le terroir du Puy-Notre-Dame face aux vendeurs de vins au kilomètre qui tenaient les rênes de Saumur-Champigny mais ne tenaient pas à ce qu'on mette en place un cahier des charges de production infiniment plus exigeant que le leur (interdiction du désherbage chimique intégral; interdiction de chaptaliser les vins; sélection rigoureuse des parcelles, rendement plus bas qu'à Champigny, etc). 


Mais petit à petit, en Saumur-Champigny, dans les années 90, la voie s'est ouverte de plus en plus grand  à de vrais vins qui ont la tronche de leur origine. Et quelle tronche ! Quel patchwork de goûts différents ! Peu de gens savent qu'au XIXe siècle, les grands vins de Champigny étaient aussi renommés que les plus grands de Bourgogne ou du Bordelais...


Stop, assez d'Histoire pour l'instant, le plaisir du vin, c'est pour tout de suite. Dans le secteur, le vigneron champion du rapport plaisir-prix, c'est Jean-Pierre Chevallier, un artisan calme, posé, mais pas dénié de convictions solides. Et notamment celle qui dit qu'un vin ça doit être bu, et pour être bu, il doit pouvoir être acheté par tous. 


Vous en connaissez beaucoup, vous, des rouges de Loire comme les siens, aussi profonds, bienveillants, à 8 euros la quille, dans un millésime aussi demandé que 2009 ? Le blanc de chenin 2009, fier et suave, est à 7 euros...En blanc, toujours, sa cuvée des Cormiers, en 2009 (un vin parti pour se tailler une longue garde, une bombe), ne devrait guère dépasser 13 euros...Un rêve éveillé.

Château de Villeneuve
3 rue Jean Brevet
49400 Souzay-Champigny
02 41 51 14 04
www.chateaudevilleneuve.com
jpchevallier@chateaudevilleneuve.com




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