jeudi 28 juillet 2011

DANS LA SERIE, Si vous aimez ça...

Si vous aimez ça...


peinture du XVe s. attribuée à Luciano Laurana


Vous adorerez ce vin-là :


Domaine Bernard Moreau père et fils, Chassagne-Montrachet 1er cru Les Grandes Ruchottes blanc 2007.

Même construction fascinante toute en perspective, même soin du détail, même atmosphère dans le tableau et dans le vin. Deux chefs d'oeuvre.


mardi 26 juillet 2011

LE CONFIT DE SAINT-JACQUES DE LA MAISON COURTIN, TELLEMENT MIEUX QU'UN COUP DE PIED DANS LE DERRIERE !

La conserverie Courtin est l'une des dernières maisons artisanales bretonnes et l'une de mes conserveries préférées. 



Elle a récemment décidé de vendre ses produits en ligne (et pas seulement à la ligne), je ne pouvais pas garder l'info pour moi, vous me connaissez, il faut toujours que je ramène mon grain de sel. Et puis je vous ai à la bonne, vous le savez, j'aime bien vous voir prendre du plaisir.


De sel, justement, parlons-en. Puisque je suis tombé fou amoureux de leur soupe de poisson et de la bisque de homard, fines et peu salées.


Encore plus fortiche, et donc à ne manquer sous aucun prétexte, le confit de Saint-Jacques.
Courtin est la seule maison, à ma connaissance, à commerce cette merveille. 

J'aimerais  me faire bien comprendre, alors attachez vos ceintures ladies & gentlemen this is your captain speaking, welcome on board to Concarneau : Les noix de St-Jacques sont cuisinées au beurre frais et gardées en confit dans des pots de grès pendant 3 semaines, puis elles sont à nouveau cuisinées au beurre frais avec des oignons. 

La Recette est  inchangée depuis 1893 et c'est parfait comme ça. En bouche, on a le fondant d'un foie gras mais la saveur de la Saint-Jacques, on est dans le baroque le plus pur, Gilles Deleuze aurait adoré ce confit de Saint-Jacques, Eugène Green en serait fou aussi, j'en suis sûr.
Mais pour l'heure, mes amis, faisons sauter le couvercle et taisons-nous.
http://www.conserverie-courtin.com/
Vente en ligne possible par carte de crédit.

UNE NUIT A PARIS

Votre médecin vous a sermonné : "Prenez des vacances, vieux". Ok, toubib...mais pour aller où ? 
Hors de Paris, vous êtes paumé. 
A la mer ? Trop de peuple. L'hôtel de la plage est plein, et de toute façon Daniel Ceccaldi est mort en 2003.
A la montagne ? La neige a fondu. Et puis les prairies sont trop glissantes.
A la campagne? Tel Bernard Blier dans Buffet froid, vous ne supportez pas les cui-cui. Et puis c'est trop humide, vous avez oublié votre couverture écossaise.
Bébel vous aurait alors répondu (A bout de Souffle, JLG) :   "Eh bien allez vous faire foutre !".  
Moi je vous aime (pas comme JLG qui n'aime que sa raquette de tennis, et encore, sans son manche ni son cordage).
Je vous aime et je vous le prouve. Avec cette adresse sur la butte Montmartre que je vous ai dégottée.
Rien de tel pour vous remettre en selle : prenez des vacances dans votre ville. Le camarade François Simon l'a dit bien mieux que moi : rien de plus voluptueux que de s'échapper à l'hôtel, tout à côté de chez soi.
Dépaysement total à 15 minutes de chez vous. Qui dit mieux ? Pas de location de voiture, pas de chiottes bouchées dans le wagon 15 du TGV bondé, pas de péage en panne, c'est plutôt Bison Futé que vous priez d'aller se faire foutre. 
La grande classe, c'est ici : à l'hôtel particulier.
Cette adresse vous sera aussi précieuse pour des amis de passage à Paris qui cherchent un lieu atypique, complètement décentré même, un hôtel qui ne l'est pas tout à fait. En un lieu sublime.
Le reste se passe de mots.
Bonnes vacances !

L'hôtel Particulier
23 avenue Junot (pavillon D)
75018 Paris.
01 53 41 81 40
site internet
Comptez 390 euros la nuit petit dej inclus.

dimanche 24 juillet 2011

JUSTE, LE DERNIER POUR LA ROUTE


Pour pas mal d'entre-nous, l'heure est venue de faire un break annuel bien mérité. Les vacances, ce sont aussi pour vous et pour moi ces repas entre amis, à la fraîche, rien de plus agréable de lever son verre à l'ombre d'une journée torride, sous les arbres, à glisser des regards complices et rieurs à ses amis, ceux de fraîche date, ceux de toujours.

Les professionnels du vin  comme moi - en tant que journaliste spécialisé j'en suis un - on nous imagine toujours entre deux repas idéaux comme ça, je n'arrange pas mon cas parce qu'en plus de tout ça je voyage partout dans le monde où il y a des vignerons qui ont quelque chose à dire. Cette année, après le vignoble de Saint-Joseph, de Nouvelle-Zélande, de Savennières, de Saumur, de la Côte de Nuits, de Beaune, d'Alsace, d'Allemagne, de Rivesaltes, de Savoie, je reviens de Sicile, avant les Dentelles de Montmirail puis Cornas, un retour en Nouvelle-Zélande, une tournée en Asie, Madiran, Irouleguy, Pauillac, les Costières de Nîmes, la Montagne de Reims, le Japon, le Nantais, les coteaux d'Aix, les Baux puis enfin, en juillet 2012, Chablis et ses grands vins de pierre.

"Vous faites un dur métier Thomas Bravo-Maza !". Pas une seule semaine sans qu'on me fasse comprendre avec ce petit rictus si particulier qu'on pourrait payer pour vivre comme je vis. Je marche dans les vignes comme un minuscule personnage de Jonathan Swift, un lilliputien parcourant monts et vallées, sur le corps sans fin d'une femme nue. Et j'aime ça.

Comme tout journaliste qui (se) respecte, j'aime encore plus les paradoxes, les a-coups, les points de rupture, les volte-face, la contradiction.

Le vin m'intéresse aussi parce qu'il EST contradiction. C'est un fil tendu duquel on peut tomber. Dans le vin, il n'y a rien d'innocent. Du vin sans alcool? Le premier qui me parle de ça, je lui casse la gueule. Je vous ai parlé de mon goût pour le paradoxe, ce qui n'a rien à voir avec le non-sens. Il y a 7000 ans, l'homme a fondé sa civilisation en faisant fermenter des bricoles, ici où là, du lait, des céréales, et du raisin. La noblesse du vin, il ne faut jamais oublier que ça vient de là.

Mais que c'est aussi de l'alcool.

Dans alcoolisme, il y a isme. Mais il y a surtout alcool. Sorti en septembre 2009, Le dernier pour la route avait suscité d'ire de pas mal de mes collègues. "C'est le vin qu'on assassine!" avais-je entendu. C'est vrai, on imagine que le monde des grands vins de terroir, de ses commentateurs, de leurs arguties, est à mille lieues des excès d'alcool. C'est vrai, lorsque Le dernier pour la route est sorti en 2009, je ne suis pas allé le voir en salles ni voulu assister aux projections de presse. C'est vrai, j'ai été agacé moi-même lorsque, à plusieurs reprises au début du film j'ai vu François Cluzet (inoubliable ici comme dans beaucoup des films de son impeccable carrière) s'envoyer cul sec (voilà un titre bien meilleur titre pour le film) plusieurs verres de vin blanc, en pleine angoisse nocturne, devant la porte ouverte de son frigo. Agacé je le fus car le vin que je connais, on ne le boit boit pas cul sec en tremblant, justement. Boire le vin sans y prêter attention, sans en parler, sans ressentir son message, rien de plus triste.

Mais en 2009, lorsqu'est sorti Le dernier pour la route, je n'ai pas hurlé avec les loups. Car les messages de modération, sur la route, comme devant un verre, ne sont pas tout à fait inutiles. Les loups ont hurlé à la mort de la loi Evin. Bien sûr que ses attendus sont bruts de décoffrage, qu'ils demanderaient à être affinés, que la loi 91-32 du 10 janvier 1991 comporte des lacunes et date un peu. Mais en tant que citoyen, je suis fier qu'une telle loi existe. C'est même de bonne grâce, figurez-vous, et avec tout le sérieux nécessaire que 'ai accédé à la demande du Conseil supérieur de l'audiovisuel lorsque j'ai fait ajouter, en salle de montage, les deux messages officiels de modération à mon film. Je remarque du reste que le CSA a eu l'intelligence de ne pas caviarder ou flouter certaines de ses séquences et a su en comprendre la portée véritable. Sans manichéisme. Une première, j'en suis heureux, qui devrait maintenant ouvrir la voie à d'autres réalisateurs.

Juste. N'en déplaise à certains, Le dernier pour la route sonne assez juste, somme toute. Pas de pathos, pas de complaisance ni moralisme attendu, mais au contraire, beaucoup de délicatesse (un peu trop lisse parfois à mon goût - la douleur physique épouvantable de la désintoxication n'y est, par exemple, pas du tout abordée et c'est franchement dommage; la "happy" end ne rend pas du tout compte d'un fait sociologique patent : 80% des alcooliques chroniques ne s'en sortent jamais) dans un film fluide qui n'a rien d'un opus promotionnel du Ministère de la Santé. Un film incarné, que les amoureux du vin doivent voir, rien de plus évident.

Pour le commander, c'est ici