samedi 4 septembre 2010

Pour 50 000 euros, on n'a décidément plus grand chose à boire!



Approchez-vous de cette belle étiquette. Vous vous rendez compte, un Château Lafite-Rothschild 1789! Ouaou! Il est à vous pour 47 840 euros, on peut même l'acheter par Internet, faites-en l'expérience après moi.

Et si vous vous offriez cette folie, allez, après tout, plusieurs bouteilles ont déjà été vendues très officiellement aux enchères aux Etats-Unis...

L'animateur d'une noble école suisse du vin se flatte même d'en avoir dégusté une bouteille...et raconte aussi ses émotions en ligne...

Ah oui, je vois, vous préférez le Lafite-Rothschild 1800, également disponible (photo plus bas). Les amateurs de chiffres, rond, je peux les comprendre. En plus il est moins cher, 34 684 euros pièce. Une affaire.

Moi je préfère le millésime 1789, révolutionnaire, dans un dîner en ville, ça pose son homme, avouez-le.

Approchez-vous encore de cette photo.

"Lafite-Rothschild 1789"...

Sauf que James de Rothschild a acquis Château Lafite...en 1868, le 8 août 1868, selon toute vraisemblance, soit 79 ans après 1789...En 1789, James de Rothschild n'était mais pas né puisqu'il ne vint au monde qu'en 1792...

En 1789, Lafite-Rothschild ne s'appelait que Lafite. En 1800 aussi.

Approchez-vous encore de cette étiquette, faites-moi ce plaisir. Qu'y voyez-vous en bas de l'étiquette? "appellation Pauillac contrôlée". Ca en jette, non? Sauf que le système des appellations contrôlées ne date que de...1935.

Louchez une dernière fois sur l'étiquette, mais dans la partie haute cette fois. Vous pouvez y lire "Mis en bouteilles au château".

"Mis en bouteilles".  "Bouteille" au pluriel, n'est-ce pas? Sauf que le Château estampille ses étiquettes "mis en bouteille", infiniment plus logique car vous n'avez qu'une bouteille en face de vous, et vous ne l'avez pas encore bue, alors vous n'êtes pas censé loucher comme le capitaine Haddock...

Cette bouteille est censée avoir été reconditionnée en 1983 par "le maître de chai". Or en 1983 aussi, toutes les étiquettes de Lafite-Rothschild sont estampillées "mis en bouteille" et pas "mis en bouteilles".

Sur un autre site, un autre marchand vend la bouteille de 1789 pour 50 000 euros. C'est fou la vie, sur l'étiquette, on voit très aisément la même trace bleue que sur une autre bouteille en vente, exactement au même endroit...

Bon, ne faites pas la tête, je viens tout de même de vous faire gagner 47 860 + 34 684 euros.

Vous pouvez donc dépenser sans peine 3,26 euros pour faire main basse sur un savoureux exemplaire (d'occasion) de "the billionaire's vinegar" de Benjamin Wallace, sur le site Amazon. On y décrit (en anglais) un autre monde du vin, dont très peu de mes confrères osent parler en France, si ce n'est qu'à voix basse...Best seller depuis 2008, l'ouvrage n'a curieusement jamais été publié en France, le pays du vin, comme c'est étrange.

Vous voulez enfin passer un bon moment sans boire? C'est l'occasion ou jamais de vous (re)mettre à la langue de Shakespeare.




mercredi 1 septembre 2010

Alain Corneau

photo courtesy ARP

Je rentre ce soir du dernier jour de tournage de mon film et j'apprends la triste nouvelle, le grand cinéaste Alain Corneau vient de mourir, d'un cancer du poumon.

Son oeuvre est précieuse, des petits cailloux d'or la jalonnent. Rendez-vous compte : Police Python 357, Nocturne indien (je l'ai encore revu il y a 15 jours, je me souviens que ma tante, cinéphile de première catégorie, me l'avait présenté après m'avoir fait lire le chef d'oeuvre de Tabucchi dont il est le fruit à l'écran).

Je poursuis, avec énormément de nostalgie pour Le choix des armes, sorti en 1981 (j'avais 10 ans) que j'ai dû voir pour la première fois deux ans après à la télé et en me cachant...
Encore : Fort Saganne, Tous les matins du monde, et même son travail, en 1970, comme 1er assistant réal sur L'aveu de Costa-Gavras, où il avait été très utile.

J'aime le vin qui ressemble à ces films.

Et puis on m'a souvent décrit Alain Corneau dans le travail comme quelqu'un de bien, curieux comme personne, éclectique mais jamais superficiel, gourmand d'aventures extrêmes (Nocturne indien, Police python, Tous les matins...), et un sourire aussi qui scotchait beaucoup de monde.











Retrouver Alain Corneau dans un ouvrage paru récemment chez robert Laffont :



http://www.amazon.fr/Projection-priv%C3%A9e-Alain-Corneau/dp/2221101480/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1286286627&sr=1-1