mardi 27 octobre 2009

BULLES INTELLIGENTES





Tous les ans c'est pareil. A l'approche de l'hiver et des fêtes, on commence à me causer de bulles. Eh, Thomas, t'aurais pas un truc qui pétille à me conseiller mais qui coûterait moins cher que le Champ'?


Bien sûr que oui.


Fissa, je vous refile un tuyau, celui-là, c'est de la première bourre.


Et c'est un Crémant de Bourgogne, un simple Crémant. Vous savez, le Crémant c'est pour beaucoup de gens un peu le Champagne du pauvre. Vous savez bien, je veux parler de celui qui aimerait bien rouler en Aston Martin mais qui devra la semaine prochaine faire passer pour la onzième fois consécutive au contrôle technique sa Talbot Samba.


Or celles et ceux qui ne roulent pas sur l'or ont aussi droit au bonheur. Et pas qu'une gorgée.


Certains fidèles lecteurs le savent, Jean-Pierre Coffe et moi, à l'époque où nous avions nos guides des vins à moins de 10 euros, n'avons eu de cesse de casser cette vision des choses. Le Crémant, si le vigneron y met du coeur à l'ouvrage, n'a rien d'un ersatz. Pas évident du tout à réaliser, un beau Crémant a sa personnalité propre, et ça doit mettre en joie, c'est juste son mode d'élaboration qui le rapprocherait d'un Champagne (on parle alors de méthode champenoise).


Un Crémant peut aussi avoir son terroir et c'est là que mon tuyau devient bigrement alléchant. Pourquoi? Parce que sur les terroirs calcaires du secteur de Chablis, dans le nord de la Bourgogne, les vins ont un côté tranchant qu'on ne retrouve qu'en de très rares endroits ailleurs dans le monde.


Ce Crémant emprunte le style tranchant et marin de ce coin béni de l'Yonne. Pour quelle raison?


Souvenez-vous de ce message que répète inlassablement. Un vin, c'est une partition (un terroir, une origine) dont le grand oeuvre peut être complètement bousillé si le vigneron n'a pas la main ou s'il adore le style d'André Rieu.


Or, la vigneronne de ce Crémant (Clotilde Davenne, ancienne maître de chai de l'excellente maison Jean-Marc Brocard, qui fait cavalière seule depuis quelques années) a eu l'excellente idée d'associer dans ce vin 2/3 de pinot noir du village voisin d'Epineuil (renommé pour ses rouges) et 1/3 de chardonnay du village de Prehy (super coté pour ses Chablis).


Du terroir, je vous dis. Résultat? C'est de la bombe, bébé. Au nez, une vraie prise de tête, c'est riche, pimpant mais sans esprit putassier, sans être spécialiste, on perçoit des arômes qui vous causent en vous regardant bien droit dans les yeux, je ne dirai pas lesquels, à vous d'abattre un peu de boulot, quand même! En bouche, c'est encore bien présent (ce Crémant est un 2006), c'est rond, sensuel, assez long, très classe, oui c'est exactement ça, très classe.


Et pour quel prix ma bonne dame? On devrait se situer bien au-dessous de 10 euros, j'attends précision et je vous la donne aussi sec. Mais de toute façon ce domaine (réputé à juste titre pour ses Chablis également) ne bastonne pas sur les prix. 


PS : la vigneronne vient de me répondre : 8,50€ la bouteille. Il en reste encore une petite quantité à la vente.



Domaine des Temps perdus, 3 rue de Chantemerle 89800 Chablis, Tél. 03 86 41 46 05. Allez, puisque c'est vous, je vous fais tomber le n° de mobile de la vigneronne : 06 83 06 07 14.


Photos copyright THOMAS BRAVO-MAZA sur tous supports pour tous pays





lundi 26 octobre 2009

LA MAIN AU PANIER : bigre, des carottes!


La carotte, c’est d’abord un bruit. Comme une envie de croquer dans la vie à pleines dents. Pour nous tous, la carotte c’est aussi une couleur, l’orange mis à part ses fanes couleur vert tendre. Et pourtant, la carotte n’a pas toujours été orange ! Eh oui, c’est seulement depuis la Renaissance que la carotte se pare d’un orangé vif, pour des raisons commerciales car sa couleur blanchâtre était jugée trop fade par les marchands.

L’origine de la carotte ? Certains parlent de l’Asie Mineure, d’autres spécialistes, de l’Afghanistan. Reste que le premier témoignage de sa culture maraîchère remonte au Xème siècle, en Iran. Puis elle s’étend en Espagne au XIIème siècle, avant de conquérir l’Italie et la France, deux siècles plus tard. On comprend son succès : riche en sucre, en eau, la carotte est également riche en vitamines, notamment la fameuse provitamine A, le carotène, dont les anciens reconnaissaient déjà la vertu de renforcer l’acuité visuelle. Mais comme tous les légumes riches en fibres et vitamines, la carotte joue un rôle bénéfique dans la prévention des maladies cardio-vasculaires et l’apparition de certains cancers.

Mes conseils pratiques
Cap sur la presqu’île du Contentin, en Normandie, pour dénicher la « Rolls » des carottes : la carotte des sables de Créances Label rouge. C’est un peu ce qu’est l’agneau de pré salé à la viande : son goût très fin est dû à son mode de production, dans les mielles, c'est-à-dire ces zones de plaines sableuses qui côtoient la mer. Ne l’épluchez surtout pas – comme les carottes primeur, du reste – frottez-là tout au plus sous un filet d’eau pour préserver ses vitamines – elles se nichent juste sous l’épiderme – et sa saveur qui en fait une vraie friandise.

Il ne faut pas le pleurer, il faut le lire pour le garder toujours vivant

Adieu à Jacques Chessex

Par Jérôme Garcin
Souvenez-vous de sa voix. Elle était chaude, douce, onctueuse - une voix de velours. Souvenez-vous de ses gestes, ils étaient amples, lents, apaisés, apaisants.


Souvenez-vous de sa prose, l'une des plus belles qu'il nous ait été donné de lire, elle était comme coulée dans le marbre que le temps n'atteint pas. Souvenez-vous de son autorité calme et de sa grandeur d'âme. Les excès, les polémiques, les provocations, les incartades, les rebuffades - il en faut, Dieu merci, dans une vie d'homme qui croit à ses idées - ne disent rien du vrai Jacques Chessex dont la seule raison d'être a été la littérature, et dont la seule raison d'écrire a été d'apprendre à mourir.
Des vers de jeunesse du «Jour proche» à son ultime récit, sur le crâne de Sade, le crâne !, des premiers effrois à la sérénité conquise, de romans en nouvelles, de poèmes en essais, de portraits en souvenirs, l'œuvre immense de ce travailleur acharné ne dit que cela : le monde des vivants jouxte le séjour des morts, comme sa maison de Ropraz jouxtait le cimetière adossé au bois du Paradis, et l'on ne se prépare jamais trop tôt à franchir un jour la porte.
Qu'il rende gloire à son maître Flaubert, qu'il célèbre ses paysages vaudois auquel il fut plus attaché qu'un chêne, qu'il décrive la détresse de son père suicidé, qu'il réclame justice pour un juif assassiné, qu'il confesse son «Désir de Dieu», qu'il chante l'amour de la femme ou le passage des oiseaux, des «glisse-en-l'air», Chessex n'a jamais cessé d'interroger ce grand mystère : qu'y a-t-il derrière, qu'y a-t-il après, qu'y a- t-il au-delà, qu'y a-t-il qu'on ne sait pas ? Aujourd'hui, Jacques a enfin la réponse. Il en aurait fait un très grand livre, que nous ne lirons jamais.
J'aimais et admirais Jacques depuis quelque trente-cinq ans et le mot qui me vient à l'esprit au moment de lui dire adieu est : fidélité. A Sandrine, à ses fils François et Jean, à Grasset, à son pays, à ses territoires, à ses renardes, à la langue française, à sa vocation, à ses obsessions, à ses convictions. Et comme je ne crois pas au hasard, je veux rappeler qu'il est mort debout, et au milieu des livres. Désormais, il ne faut pas le pleurer, il faut le lire pour le garder toujours vivant.
J. G.
Texte prononcé dans la cathédrale de Lausanne,
le 14 octobre, pour les obsèques de Jacques Chessex

dimanche 25 octobre 2009

UNE EXPERIENCE POETIQUE

Scarlatti dans le métro, et si c'était vous?

Regardez plutôt ça :

http://www.youtube.com/watch?v=2lXh2n0aPyw