mercredi 15 juin 2011

WEEK-END DE REVE A COGNAC


Dans l’un des 26 chais de vieillissement de Remy-Martin à Cognac. 


Chacun d’eux rassemble 6000 fûts de Cognac qui attendent patiemment leur heure...
Copyright Thomas Bravo-Maza


Sécheresse en Charente ? La région ruisselle d'un jus précieux, le Cognac. Au cœur des deux charentes, prenez la route des vignes et des chais.





C’est la plus belle eau-de-vie de France. Un succès inouï, également, à l’export puisque seulement 4% du Cognac produit en 2008 a été bu en France. Une évidence : l’image du Cognac est synonyme d’inaccessible voire, au pire, de marketing et d’industrie. Le Cognac est né, certes, en 1636, de la révolte des croquants de Saintonge et de l’Angoumois. On a alors eu l’idée de chauffer le vin car il ne se vendait plus et souffrait des longs voyages par bateau grâce au dynamisme commercial des hollandais. Ils auront l’idée de le transformer en « vin brûlé », le Brandwijn, par distillation, pour mieux le conserver. On s’apercevra ensuite que le Brandwijn se bonifie en fûts de chêne et qu’une double distillation fait gagner de la place sur les bateaux. Le Cognac est né. Pour le protéger des contrefaçons, un décret de 1909 divise la production (78.000 ha, seconde AOC française en superficie) en 6 zones de terroirs hiérarchisées : grande champagne (lorsqu’un Cognac en est composé de plus de 50%, c’est une « fine champagne »), petite champagne, Borderies, fins bois, bons bois et bois ordinaires. Le Cognac, c’est incontestablement bien plus qu’un simple « vin de chaudière ». Si 50% du business concerne les cognacs les plus jeunes - les VS, élevés en fûts pendant au minimum 2 ans contre 4 ans pour les VSOP ou 6 ans pour les XO, Réserve ou autres Napoléon - l’émotion renfermée dans un XO de noble origine est proprement vertigineuse et pleine de mystère comme le sont ses paysages charentais. La Cagouille (l’escargot) en est le symbole alors prenez tout votre temps et enfourchez votre vélo puisque le circuit 1 vous offre ce loisir. Un bon conseil : n’hésitez pas à solliciter Dominique Touteau, maître de chai de Delamain et connaisseur suprême des recoins les plus cachés de ce vignoble encore trop méconnu, riche en coteaux sensuels et en patrimoine sacré.


CIRCUIT 1, Découverte du Cognac à vélo ; 35, 7 km ; 3 heures ; dénivelée : -31 m.
  • Départ de Ségonzac, situé à 13 au S.E de Cognac. Nons entrons immédiatement dans le vif du sujet puisque la ville fait figure de « capitale » de la Grande Champagne et possède l’une des plus petites universités au monde, son université des eaux-de-vie ! Nous avouons également un coup de cœur pour son église romane. Sa tour romane des XI° & XII° siècles est classée.
  • De Ségonzac, partez au S.E. en direction de Lignières-Sonneville par la D1. Au bout de 6 km, vous parvenez à un carrefour, continuez jusqu’à Lignières, tout en ayant pris soin d’admirer sur votre gauche la splendide chapelle de Sonneville, dans un univers de vignes de toute beauté. De Lignières, partez vers le charmant village viticole de Touzac aux faux airs toscans.
  • Rebroussez ensuite chemin sur la D1, au croisement avec la D90, peu avant la chapelle de Sonneville, partez jusqu’à Saint-Preuil où se trouve une autre chapelle romane remarquable. A noter que le Relais de Saint-Preuil y offre un hébergement de qualité.
  • Prochaine étape : Bouteveille, que l’on découvre par une charmante route qui serpente dans les vignes. On y rencontrera le vigneron Jean-Paul Giraud (voir encadré). A voir également, l'église du XIe siècle qui conserve de belles peintures murales du XIVe siècle, et à proximité un superbe chêne vert planté en 1793. Le château XVIIe siècle domine le village de ses ruines ainsi que plusieurs arpents de vignes assez pentus.
  • Par la D404, on atteint en 9 km Vibrac puis Saint-Simon. Jadis, ce bourg fut une importante place de commerce sur la Charente. Trois chantiers navals y étaient implantés. Les calfats (charpentiers navals) construisaient les gabares (ou gabarres), sortes de bateaux à fond plat qui servaient au transport des marchandises. Un circuit fléché dans le village et sur les quais permet au visiteur de revivre cette époque. A ne pas rater, l'église romane Saint-Sigismond, du XIIe siècle, l'une des plus minuscules de Charente.
  • Dernière étape et non des moindres à 3 km de-là, Bassac et son abbaye célèbre qui fête cette année ses 1000 ans. Fondée par Wardrade le riche, comte de Jarnac, elle garde un charme fou (remarquer son beau portail polylobé, l’acoustique de son « magasin »).


CIRCUIT 2, La part des anges par la route. Une boucle de 123 km, à faire en une demi-journée.
  • Départ de Cognac. Un bon conseil : il faut lui consacrer suffisamment de temps pour bien profiter de toute sa richesse. On pense au premier chef à son château (où naquit François 1er et où est installée la maison de cognacs Otard), mais aussi à son port, à sa vieille ville, à son église Saint-Léger. En centre-ville, les grands amateurs de cigares ne manqueront pas de prendre rendez-vous avec Christian-Thierry Drevelle (134 r. de la République, Tél. 05 45 32 09 97), l’un des meilleurs ébénistes de France. Créateur, restaurateur, il confectionne également des caves à cigares extraordinaires. A ne pas manquer non plus à Cognac, La Cognathèque pour le sérieux des sélections de ce caviste (10 place Jean Monnet, Tél. 05 45 82 43 31), la Maison Rémy Martin (coup de cœur pour la qualité de son accueil), le musée des arts du Cognac (place de la Salle Verte, Tél. 05 45 32 07 25) ainsi que l’Ecole des Cognacs, chez Véronique Lemoine. Cette ingénieure agronome est également une dégustatrice experte (9 rue Gaillard, Tél. 06 22 57 29 33, www.ecole-des-cognacs.com). Incontournable si l’on souhaite acquérir les meilleures bases.
  • Prenez ensuite la route pour Saint-Brice, à 7 km de cognac, accessible par la N141 (route d’Angoulème) puis par la D15. Par la beauté de ses sites et par la richesse de son patrimoine, cette commune est l'une des plus pittoresques du cognaçais. Dans l'écrin que lui procurent les vallées de la Charente et de la Soloire, l'homme a depuis longtemps élevé des édifices symboliques : dolmen, abbaye, église, châteaux et logis, toutes ces constructions étant d'une facture particulièrement soignée.
  • Prochaine étape et non des moindres, Jarnac, à 10 km plus à l’est, après Bourg-Charente. Cette ville secrète et attachante recèle plusieurs maisons de Négoce exceptionnelles (Delamain, Hine, A.E. Dor). 16 km Plus au sud, au cœur des vignes, via Ségonzac, il est judicieux de faire halte à Ambleville chez Ragnaud-Sabourin avant de visiter, 7 km plus loin par la D699, la tonnellerie Allary, à Archiac (29 route de Cognac, Tél. 05 46 49 14 59. Visites guidées gratuites chez ce « meilleur ouvrier de France ». Accueil prévenant).
  • Par la D700, au bout de 20 km, on accède ensuite à Pons, ville qui a su garder de belles bâtisses du XVIIIe s. On pourra y faire une halte gourmande sans chichis avant de rejoindre aisément Saintes, 21 km plus au nord, par la N137. Nombreux sont les sites antiques (les arènes, notamment) et préhistoriques (musée, arc de Germanicus) que l’on peut découvrir en famille.
  • De Saintes, partez à l’est par la D131 en direction de Saint-Bris des bois où se trouve une très remarquable abbaye romane, Fontdouce. Neuf kilomètres plus loin, accessible par la D731, Cherves-Richemont conclut en beauté notre boucle routière (à ne pas manquer, son imposant Château-Chesnel de style classique). N’oublions pas enfin que nous sommes ici au cœur du terroir des Borderies : raison de plus pour découvrir les excellents cognacs très typés de la Maison Giboin-L’hermitage.
Carnet de route
Déguster

Delamain, 7 rue J. et R. Delamain 16200 Jarnac, Tél. 05 45 81 08 24. Un style inimitable, sur la subtilité, c’est un peu le « Château Climens » de Cognac. Mention spéciale pour le Pale & Dry, intensément floral et d’excellent rapport plaisir-prix (75€) ou l’exceptionnelle Réserve de la famille (350€), d’une race assez inouïe.
Charles Brasstad, patron de Delamain. L'étape est "obligatoire".

Remy Martin, 20 rue de la société vinicole 16100 Cognac, Tél. 05 45 35 77 18. A ne pas manquer, d’avril à octobre et sous la houlette de Pascale Rousseau, les « rendez-vous Remy Martin », des visites privées (en une demi-journée ou plus), à thème ou sur mesure (dont la fameuse « expérience Louis XIII »). Hébergement et repas possibles à proximité au Club Remy Martin.

Thomas Hine, 16 quai de l’Orangerie 16200 Jarnac, Tél. 05 45 35 59 59. Dégustations gratuites sur R.-V. Mention spéciale pour le Vintage 1981 (200€). Proposé à 185€, « Triomphe » est très estimable également.

Otard-Château de Cognac 127 bd. Denfert-Rochereau 16100 Cognac, Tél. 05 45 36 88 86. Sous la responsabilité passionnée de Karine Aiguillon : dégustations, visite des chais et du splendide château qui a vu naître François 1er.

Mais aussi :

Ragnaud-Sabourin, 16300 Ambleville, Tél. 05 45 80 54 61. Pour son « paradis » (650€ env.) ou « alliance n°35 » (95€ env.)

François Giboin-domaine L’hermitage 16370 Cherves-Richemont, Tél. 05 45 83 24 58. Haute expression du terroir des Borderies à des prix raisonnables (de 12,20 à 50,85€).


A table

La Ribaudière 16200 Bourg-Charente, Tél. 05 45 81 30 54. Dans une ambiance contemporaine, des créations pointues souvent réussies. Carte des vins étoffée. Carte 90€ env.

Château de l’Yeuse, 65 rue de Bellevue 16100 Chateaubernard, Tél. 05 45 36 82 60. L’une des tables incontournables du vignoble grâce aux soins de ce disciple de Michel Trama. Carte 60€ env. Hôtel de charme également (chambres et suites de 103 à 353€).

L’hôtel de Bordeaux, 1 av. Gambetta 17800 Pons, Tél. 05 46 91 31 12. Au sud du vignoble, une table toute simple et vraie. Quelques belles références vineuses mais un petit effort supplémentaire serait bienvenu. Carte 40€.

Le bistrot des quais- chez Claude, 35 rue Grande 16100 Cognac, Tél.: 05.45.82.60.32. L’étape est obligatoire : une cuisine comme on les aime, précise et généreuse. Carte 45€ env.


Nuits douillettes

Relais de St-Preuil, Tél. 05 45 80 80 08. Chambres, suites et appartements de 115 à 260€. Piscine au cœur du vignoble. A noter que Jean-Luc Montebault, le propriétaire, est un expert en oenotourisme et propose de nombreuses activités.

Moulin du Val de Seugne, 17240 Mosnac, ; Tél. 05 46 70 46 16. De 105 à 165€. Restaurant également recommandable.

Château de Mirambeau, 1 av. du Comte Ducatel 17150 Mirambeau, Tél. 05 46 04 91 20. Ce Relais & châteaux est d’un confort exquis. De 230 à 920€.

Le Dérivant, 14 Route du Dérivant 16200 Bourg Charente, Tél. 05 45 35 43 92. Simplicité et authenticité. Piscine. De 45 à 70€.

L'Angélus des fins bois, Place du Grand Puits 16200 Mérignac, Tél. 05.45.35.15.46. Deux chambres de très bon goût au cœur du vignoble (de 75 à 105€). Table d’hôtes. Ateliers de cuisine.


Le Relais St-Reuil


Coup de coeur pour le domaine Paul Giraud, à Bouteville

A Cognac comme ailleurs, les négociants les plus prestigieux n’ont pas le monopole de l’excellence. Plusieurs « petits » domaines ultra discrets ont un réel souci du travail bien fait. Telle cette adresse confidentielle qui se chuchote entre hédonistes. Explication : Jean-Paul Giraud – l’un des tous derniers vignerons à vendanger à la main – nous émeut par son idéalisme sincère. Amoureux du bouquet complexe d’une Grande Champagne patiné par le temps, il commercialise actuellement son…1959, vous avez bien lu ! Il est proposé à 92€ les 70 cl, on croit rêver ! Ailleurs, les X.O. sont proposés dès 6 ans de fût. Ici, on ne propose pas de X.O. (58€) qui n’ait atteint l’âge vénérable de 25 ans…
16120 Bouteville, Tél. 05 45 97 03 93.



Avant de partir

A lire
Pour vos déplacements routiers et randonnées, cartes IGN au 1/25.000 n°1632 O et 1632 E.
Le Cognac, par C. Parvulesco, Flammarion, 2002, 159 p.



L'ébéniste Chritian-Thierry Drevelle, installé à Cognac. Ses réalisations font le tour du monde.
Il reçoit les passionnés sur Rendez-Vous.